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vendredi 25 mai 2012

Article de 20 Minutes


savoir si ces départs donneront un nouvel élan au syndicalisme à la française... Qui succédera à Bernard Thibault, l’emblématique leader de la CGT? A la tête de ce syndicat depuis 1999, le secrétaire général a décidé de ne pas briguer de nouveau mandat en 2013. Et devrait donner ce vendredi son avis sur la personne la plus à même de prendre son relais. Une succession qui s’annonce d’ores et déjà compliquée puisque Bernard Thibault souhaite imposer Nadine Prigent, 54 ans, ou Agnès Naton, 50 ans, tandis que plusieurs fédérations plaident pour Eric Aubin, 49 ans. Mais ce n’est pas le seul bouleversement à venir dans le petit monde syndical français. Une autre centrale majeure – la CFDT – changera également de tête en 2014. A cette date, François Chérèque laissera son siège, après douze années passées au poste de secrétaire général, à Laurent Berger, 43 ans. Les mauvais chiffres des syndicats français Reste à savoir si ces deux départs – et surtout, les deux arrivées – donneront un nouvel élan au syndicalisme français, pour le moins à la traîne. En effet, moins de 8% des salariés français sont syndiqués, l’un des taux les plus faibles au monde. A titre de comparaison, plus de 75% des salariés suédois sont syndiqués, ils sont 54% en Belgique, 33% en Italie ou encore 15% en Pologne. Pour Benoît Broignard, journaliste indépendant et coauteur de l’ouvrage Syndicats filous, salariés floués, paru le 29 mars aux éditions Max Milo, c’est évident: la faiblesse du syndicalisme français s’explique au moins en partie par ses instances dirigeantes. «La défense du salarié n’est plus au cœur des préoccupations des responsables des grandes centrales, bien plus intéressés par la défense de leurs propres intérêts. Ils sont devenus des professionnels du syndicalisme, sans liens réels avec le monde de l’entreprise», assure le spécialiste. Qui tempère toutefois son propos: «Le fait que les syndicats ne soient pas du tout associés aux décisions de l’entreprise joue également. En Allemagne par exemple, les syndicalistes sont directement rattachés aux directions des entreprises – ils sont en quelque sorte des DRH bis». Réinventer le rêve syndical Et si la crise aurait pu être une «aubaine» pour les syndicats, elle n’a au final entraîné aucun véritable sursaut. «A part dire «non à la crise», les syndicats n’ont été porteurs d’aucune solution, ce qui est problématique. Ils ont été complètement dépassés par l’aspect financier complexe de cette crise», décrypte Benoît Broignard. Alors, le départ de François Chérèque et de Bernard Thibault changera-t-il la donne? Difficile à dire à l’heure où l’on connaît seulement le nom du successeur de Chérèque. Car à la CGT, tous les scenarii sont encore possibles – y compris celui d’un nouveau mandat de Bernard Thibault. «Et aucun n’est idéal, puisqu’il y aura forcément des insatisfaits. Cette succession donnera sans doute lieu à des conflits internes», insiste Benoît Broignard. Sans compter que tous les noms proposés appartiennent à l’ancienne génération, a priori peu réformiste. Ce qui ne risque donc pas de créer de nouvelle dynamique. Mais à la CFDT, les choses sont différentes, selon Benoît Broignard: «Avec Laurent Berger, qui est un jeune quadra, un nouvel élan est possible. Mais ce qui serait vraiment utile, c’est que les salariés reprennent en main leurs syndicats. Rien n’empêche aujourd’hui de réinventer le rêve syndical, qui reste un gage de démocratie».